Découverte dans les années 1970 sur l’île de Pâques, aussi appelée Rapa Nui, la rapamycine a d’abord été reconnue pour ses effets immunosuppresseurs. Récemment, elle a gagné en notoriété en tant que potentiel élixir de longévité. Quel est son mécanisme d’action ? Est-elle accessible en France ? Quels sont les risques liés à son utilisation ? Voici l’analyse de Mario Pende, directeur de recherche à l’Inserm et à la tête d’une unité de recherche à l’Institut Necker-Enfants malades de Paris.
Originaire de l’île de Pâques, la rapamycine est une substance naturelle produite par certaines bactéries. « Des chercheurs en quête de nouveaux antibiotiques ont isolé cette molécule, qui a la capacité de stopper la croissance des cellules eucaryotes. Initialement utilisée comme antifongique, elle s’est révélée être un immunosuppresseur très puissant », explique Mario Pende.
Principalement employée pour réduire les risques de rejet de greffe, ce n’est que dans les années 2000 que son potentiel anti-vieillissement a été exploré, à travers son action sur une protéine clé du métabolisme cellulaire. Cette protéine, identifiée après la découverte de la rapamycine, a été nommée mTor, pour « mammalian target of rapamycin » ou « cible de la rapamycine chez les mammifères ».
Le vieillissement et la protéine mTor
Pour comprendre l’effet de la rapamycine, il est essentiel de se pencher sur la protéine mTor. « Présente dans chaque cellule de notre corps, la protéine mTOR joue un rôle crucial dans le métabolisme cellulaire. Activée en présence de nutriments, elle favorise la production de macromolécules nécessaires à la croissance et à la division des cellules », déclare le chercheur.
En absence de nutriments, lors du jeûne par exemple, mTor reste inactive. La cellule se lance alors dans l’autophagie, consommant certains de ses propres composants comme source d’énergie. « C’est un processus de renouvellement et de nettoyage cellulaire », résume Mario Pende.
Toutefois, une hyperactivité de mTor peut accélérer le vieillissement des cellules et favoriser l’inflammation.
La rapamycine interagit avec les cellules en inhibant les protéines mTor, réduisant ainsi le vieillissement cellulaire. Mario Pende, directeur de recherche à l’Inserm.
Des recherches sur des animaux ont révélé que la rapamycine pourrait augmenter la durée de vie de 9 % chez les mâles et de 13 % chez les femelles, et potentiellement retarder l’apparition de maladies liées à l’âge, comme les troubles neurodégénératifs et certaines pathologies cardiovasculaires.
Pourquoi utiliser la rapamycine ?
Actuellement, la rapamycine est principalement prescrite pour ses propriétés immunosuppressives et antiprolifératives. Son aptitude à ralentir certains processus de vieillissement est encore à l’étude.
Dans ses applications médicales approuvées, elle est couramment utilisée pour prévenir le rejet d’organes transplantés, notamment les reins, et parfois d’autres types de greffes. Elle fonctionne en supprimant l’activité du système immunitaire, évitant ainsi à celui-ci d’attaquer l’organe greffé, et est souvent associée à d’autres immunosuppresseurs pour minimiser les risques de rejet.
Elle est également prescrite pour le traitement de certains cancers, notamment ceux du rein. En inhibant la voie mTOR, la rapamycine empêche la multiplication des cellules cancéreuses et donc l’évolution de la maladie.
La rapamycine est aussi utilisée dans le traitement de maladies rares telles que la lymphangioléiomyomatose (LAM), une pathologie pulmonaire caractérisée par une prolifération anormale des cellules musculaires lisses.
Ses effets bénéfiques potentiels sur le vieillissement sont toujours en cours d’étude. La rapamycine pourrait aider à prévenir des maladies liées au vieillissement telles que l’Alzheimer, en améliorant les mécanismes de nettoyage cellulaire. Toutefois, de nouvelles recherches sont nécessaires pour évaluer sa sécurité et son efficacité dans ce domaine.
Effets secondaires : risques cancérogènes de la rapamycine
Malgré son efficacité dans la prévention du rejet d’organe post-transplantation et pour certaines maladies rares, la rapamycine peut causer des effets secondaires parfois graves, surtout lorsqu’elle est utilisée à long terme ou à des doses élevées. Affaiblissement du système immunitaire, hyperlipidémie, diabète, troubles gastro-intestinaux, anémie, retard de cicatrisation, œdèmes et problèmes rénaux sont parmi les effets secondaires les plus courants. Même à faible dose, elle peut accroître la susceptibilité aux infections et augmenter le risque de résistance à l’insuline et de diabète.
L’impact de la rapamycine sur le cancer est complex et ambivalent. D’un côté, elle est utilisée pour traiter certains types de cancers et prévenir la multiplication des cellules cancéreuses. D’un autre côté, en tant qu’immunosuppresseur, elle peut affaiblir le système immunitaire, augmentant ainsi le risque de cancers liés à l’immunosuppression. Cela peut se produire chez les patients qui prennent la rapamycine pour prévenir le rejet d’organe après une greffe : leur système immunitaire affaibli est alors moins apte à détecter et éliminer les cellules cancéreuses émergentes, favorisant ainsi le développement de certains cancers.
Dosage : quelle quantité de rapamycine pour la longévité ?
Il n’y a pas de dosage officiel recommandé pour l’usage de la rapamycine en vue de la longévité chez l’humain, car la recherche est encore en cours dans ce domaine. Cependant, dans les essais cliniques et les études sur la longévité chez l’humain, les doses étudiées sont généralement bien plus faibles que celles utilisées pour prévenir le rejet d’organe après une transplantation. Des doses intermittentes (hebdomadaires plutôt que quotidiennes) sont testées, souvent autour de 1 à 2 mg par semaine, pour minimiser les effets secondaires tout en explorant les bénéfices potentiels sur la longévité et la santé métabolique.
Sirolimus : la rapamycine est-elle en vente libre ?
En France, la rapamycine est commercialisée sous le nom de Rapamune (sirolimus) et peut être prescrite pour certains cas spécifiques : prévention du rejet d’organe après une transplantation, traitement de certaines maladies rares (lymphangioléiomyomatose, sclérose tubéreuse de Bourneville) ou pour traiter certains cancers.
Le sirolimus n’est absolument pas en vente libre et ne doit surtout pas être pris en automédication pour ses possibles effets sur le ralentissement du vieillissement cutané. La question du dosage est cruciale et les risques sont nombreux. Mario Pende.
Prix : quel est le coût de la rapamycine ?
En France, sans prise en charge, la rapamycine peut être relativement onéreuse. Une boîte de 30 comprimés de 1 mg coûte en moyenne entre 300 et 500 euros, tandis qu’une boîte de 30 comprimés de 2 mg peut atteindre 700 à 900 euros. Si prescrite, la Sécurité sociale ou les assurances peuvent couvrir une partie ou la totalité du coût.
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